Famille d'accueil

L’accueil familial thérapeutique est un dispositif très apprécié qui permet de concilier harmonieusement, parcours de vie et de soin pour certains usagers. Il repose pourtant sur un métier méconnu.

L’accueillant familial ou plus communément la famille d’accueil héberge et accompagne au quotidien des personnes atteintes de troubles psychiques stabilisés. Deux familles témoignent de leur quotidien.
 

Comment êtes-vous devenu accueillant familial ? Quel a été votre parcours ?

Mme Lourdes Chalduc : J’ai débuté ma carrière en tant qu’éducatrice dans un foyer de vie, par la suite, j’ai travaillé dans une maison de retraite. A un moment donné, je me suis retrouvée sans emploi et mon conseiller pôle emploi m’a parlé d’un poste d’accueillant familial.

Je ne connaissais pas bien le métier et pour tout dire, le conseiller non plus. J’ai tout de même voulu donner suite mais je me posais de nombreuses questions. Comment ça va se passer chez moi ? Quels impacts sur notre quotidien…

Ce n’est qu’avec l’accueil d’un premier patient que j’ai pu véritablement répondre à ces questions. Ma première expérience ne s’est pas bien passée mais elle m’a donné quelques clefs pour la suite…

Les choses se mettent en place peu à peu. Chez moi l’accueil est basé sur le respect mutuel et la prise en compte de la singularité de l’humain.

Mme Gimenez : C’était il y a plus de vingt ans. J’étais jeune maman. J’avais déjà une certaine fibre car ma mère était assistante maternelle. Elle s’occupait d’enfants toute la semaine. J’appréciais leur présence au quotidien.

Quand j’ai eu mes enfants, je suis à mon tour devenue assistante maternelle puis assistante familiale auprès de l’Aide sociale à l’enfance. Nous étions agréés pour l’accueil d’enfants psychotiques. Nous avons pu accueillir jusqu’à 5 enfants mais notre travail n’était pas toujours bien valorisé.

J’ai donc envoyé une candidature spontanée au CH Gérard Marchant. Je travaille depuis 2012, en lien avec l’équipe de l’AFT qui est disponible H24, si besoin.

Le passage de l’accueil d’enfants à l’accueil d’adultes est également appréciable. Le quotidien est plus simple, plus posé.

Au quotidien, comment s’organise l’accueil ?

Mme Gimenez : Le quotidien s’organise autour des repas généralement pris en commun, en fonction des envies de la personne. La personne que j’accueille en ce moment par exemple, se lève très tôt et prend son petit déjeuner dans sa chambre.

Je propose régulièrement des activités (courses, culture, nature…) mais chacun est libre d'y participer ou non.

Par ailleurs, certains patients ont des activités dans le cadre de leur suivi, ils se rendent à l’hôpital de jour ou au CATTP.

Mme Chalduc :  L’important c’est de fixer un cadre général des règles de vie communes.  La première règle, c’est le respect mutuel et ce qui en découle : ne pas entrer sans frapper, laisser à l’accueilli le temps de prendre ses repères et lui laisser des espaces de liberté.

Il faut être là, sans être là… Il faut accompagner la personne tout en lui laissant retrouver un peu d’autonomie.

Il est important aussi de ne pas être trop autoritaire, de rester patient, d’accompagner sur de petites améliorations sans perdre courage, de ne pas placer la personne en situation d’échec…

Il faut également avoir en tant qu’accueillant ses propres plages de liberté : les vacances bien sûr mais aussi des temps pour soi au quotidien.

Comment a réagi votre entourage ?

Mme Chalduc : Les gens ont des craintes concernant le handicap psychique. La France est très en retard. Mon mari me soutient pleinement. A ceux qui l’interrogent « Comment peut-elle faire cela ? », il répond toujours : « Je ne sais pas si elle pourrait faire autre chose » !

Mme Gimenez :  Les gens ont peur de la maladie psychique. Ils s’imaginent des personnes dangereuses. Lorsqu’ils rencontrent la personne accueilli leur regard change. Nous accueillons essentiellement des personnes fragiles.

Mon conjoint est partie prenante dans l’accueil.

Quelle qualité faut-il ? Quel conseil donneriez-vous à une personne qui souhaite se lancer ?

Mme Chalduc : Il faut aimer l’être humain… L’accueil familial est avant tout une aventure humaine.

Mme Gimenez :  Il faut être très disponible, bienveillant, attentif et s’armer de patiente. Peut-être aussi faut-il avoir ce petit truc en plus qui permet de savoir apaiser la personne en cas d’angoisse.

C’est un métier à part entière. On n’est pas des amateurs…

Un dernier mot ? 

Mme Gimenez :  Le week-end prochain la première personne que j’ai accueillie pendant 5 ans pour l’hôpital Marchant va se marier. Je suis invitée à son mariage et c’est une grande satisfaction.

Mme Chalduc : Un mot sur l’équipe de l’AFT qui se rend toujours disponible en cas de problème nous pouvons compter sur de vraies professionnelles !

 


Si ce métier vous intéresse n'hésitez pas à prendre contact avec le service ressources humaines du CH Gérard Marchant : 05 61 43 77 77